Thym, le conte du roi…

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Laissons le thym parler…

La côte est rude, mais le chemin est tracé. Fait de poussière et de pierres mêlées. Au détour du sentier, une ruine. Petit abri qui servait il y a quelques décennies au berger qui venait faire paître ses moutons l’été. Je suis là, au pied de la roche. Si on n’y prête pas attention, on me prendrait peut-être pour de la pierre, ou pour une plante qui a desséché au soleil.

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Il faut dire qu’ici, dans la Drôme provençale, les hivers peuvent être froids et dès le mois d’avril, le soleil incisif. Plus tard en saison, et surtout vers midi quand le soleil darde ses rayons, le paysage semblera écrasé sous la lumière. La terre y est craquelée, dure, et c’est là que je me plais. Même si, n’en déplaise, on me trouvera partout où le sol est sec, pauvre, altéré, en altitude ou en bord de mer…

Mais revenons à mes pieds, dans cette terre-ci, la Provence. Comme toute la végétation présente ici, je suis petit, rabougri, j’ai le tronc tortueux, je ne forme pas une belle touffe, et mes feuilles sont minuscules et grisâtres. Il n’y a rien pour nous protéger du feu si celui-ci se déclare. Par contre, quel plaisir quand le souffle du vent se trouve seulement interrompu par le chant des cigales… Ou encore quand des nuées d’abeilles viennent tourner autour des mes fleurs. Si vous les voyiez, quand vient le printemps ! Alors là, oui, vous me verriez, incontestablement ! Je me pare, deviens une touffe rose, chacune de mes branches se parant d’une minuscule fleur.

Des fois encore, un randonneur, une chèvre ou un berger inoculent une senteur différente à la journée qui s’annonce. Il arrive que l’un ou l’autre m’aperçoive et profite d’une halte pour cueillir quelques unes de mes feuilles. Je le leur offre volontiers. Il ne faut d’ailleurs que quelques unes de mes feuilles pour se sentir transporter.

Oui, mon parfum est envoûtant. Il est dense, résineux, lourd en premier abord. Franc aussi. Et puis viennent des notes plus fleuries, quelquefois même poivrées. Ne me regardez pas comme ça, oui, évidemment, je me lance quelques fleurs ! Les hommes ont tellement pris l’habitude de m’avoir dans leurs cuisines qu’ils ont oublié tous les bienfaits que je peux apporter

Pourtant, je suis une plante de Feu et de Terre, un roi dans sa demeure. Un roi oublié certes, de vos contemporains, mais un roi quand même. Non, non, ne détournez pas les yeux et ne vous renfrognez pas, ça doit être l’attrait de l’exotisme, de l’innovation peut-être, ou encore de la rareté. Mais dites moi quand même, pourquoi avez-vous besoin d’aller chercher des plantes qui viennent d’ailleurs ? Pourquoi négligez-vous les petites plantes qui se trouvent juste là, comme moi, à l’ombre d’une ruine, au détour du chemin ??

Prenez le temps de me re-regardez, juste une fois. Je ne suis pas hautain, je n’aime pas les parures ni me dresser, majestueux. Mais que le vent souffle ou que les températures soient maximales, je ne bouge pas. Je suis invulnérable. Je suis lumière dans les rochers et les pierrailles. J’ai avec moi le courage et la force. J’ai pour moi la résistance. Et c’est d’ailleurs ce que je vous insuffle quand vous venez à boire une infusion de mes feuilles. Oui, je vous protège, vous, le peuple animal. La chaleur qui me caractérise peut vous aider à combattre le froid, quand celui-ci s’empare de vous. Je vous dégage le ciel, en vous apportant une respiration ample et fluide.

Déterminé, je montre le chemin de la loyauté et de la justice. J’absorbe les mémoires douloureuses et les impuretés comme je le fais pour la Terre-Mère. Je vous soutiens lorsque vous trébuchez, et par-dessus tout, j’aime les enfants, et les protège de la lourdeur, des bourdonnements, du venin… J’aime la constance et la permanence, et en ceci, je suis un vrai baume de guérison.

Les Anciens le savaient d’ailleurs, eux qui me vénéraient pour la protection que je leur apportais. Les Grecs brûlaient mes rameaux devant l’autel de leurs Dieux, les places publiques, ou les riches demeures. Les Romains en purifiaient leur habitât. Les Égyptiens se servaient de moi pour embaumer leurs morts. Placé sous les oreillers, j’éloignais également les cauchemars.

Alors oui, votre ratatouille ou votre entrecôte, je vais la magnifier, mais est-ce que je ne mérite pas un tout petit peu plus de considération ? Un tout petit peu plus d’attention ? Sur ce, j’espère que la prochaine fois que vous me verrez, vous viendrez me caresser et me remercier d’être ici.

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